mardi 4 septembre 2012

Le dessin du croquis par Imbo

De nos jours, la création d'images est à la portée de tout le monde. Avec le support des technologies modernes, n'importe qui peut, en appuyant sur un bouton, prendre une photo. C'est un geste simple qui nous apparaît naturel.

Si on recule un peu dans le passé, avant l'invention de l'appareil photo et des boites à images, il y a un siècle ou deux, ou trois; cette activité était limitée à quelques artisants maîtrisant les règles du dessin à main levée et la chimie des couleurs. Ils étaient les seuls à posséder l'art de créer des images. Ils pouvaient appliquer leur habileté à presque tous les domaines de l'activité humaine. Ils dessinaient des plans, des modèles, des gabaries, etc... Certains d'entre eux, considérés comme des génies de leur époque, ont poussé cette habileté au niveau du grand art. Encore aujourd'hui, beaucoup de gens apprécient cette forme d'art (base des arts visuels) et sont attirés par ce petit côté magique d'un simple croquis rapide, bien réalisé, faisant apparaître l'image sous nos yeux en quelques minutes.

Pour ma part, j'ai été fasciné par le dessin très tôt dans mon enfance. Aujourd'hui, un demi-siècle plus tard, je demeure passionné par le sujet. En tant que sculpteur de murales 3D (relief en trompe-l'oeil polychrome), le dessin est un outil essentiel à la réalisation de mes tableaux. C'est pourquoi j'ai consacré beaucoup d'heures à pratiquer et étudier ces règles au cours des années.

J,ai développé ma méthode d'enseignement au cours des trentes dernières années, en donnant différents cours de dessin en atelier, qui m'ont servi de laboratoire à l'élaboration de mon approche actuelle par shémas d'observation,  que j'enseigne aujourd'hui.

Voici un petit résumé de ma méthode. Peut-être serez vous charmé, vous aussi, par la magie de l'image instantanée réalisée avec un simple crayon et un bout de papier.

Ma méthode d'enseignement.

D'abord les outils­: votre corps; sa position, sa tenue, sa gestuelle. Votre crayon; sa prise, son utilisation, ses tons. Avec un crayon de plomb vous pouvez réaliser une grande palette de tons, biens utiles dans la création de vos effets.

Le dessin c'est une addition de lignes droites et de lignes courbes. Ces lignes se construisent par traits supperposés jusqu'à la réalisation de la forme recherchée.

Une fois cette mise au point effectuée, on aborde la question de la perspective, dont le principe de base est le suivant: quand vous regardez devant vous, toutes les choses qui s'y trouvent vont vous sembler de plus en plus petites à mesure qu'elles s'éloignent et les détails vont être de moins en moins précis.

Par exemple, vous vous trouvez au bord d'un grand champ de marguerites. En observant la fleur la plus près de vous, vous pouvez apprécier sa forme, ses couleurs, la texture du bouton, vous pouvez même compter le nombre de pétales si vous le désirez. Si vous regardez celles qui se trouvent à deux mètres, vous allez encore reconnaître la forme, mais vous ne sauriez dire le nombre de pétales qui les composent et les boutons vont se résumer à des formes circulaires. A dix mètres ça va se résumer à des formes blanches avec de petits points dorés. A l'autre bout du champ ce n'est plus que de petites taches blanches; oubliez les boutons. Pourtant, si vous traversez le champ, les marguerites qui s'y trouvent vont vous apparaître semblables à celles que vous observiez au début.

La réalité qui se trouve devant nos yeux, nous apparaît en trois dimensions: hauteur, largeur, profondeur. Le but de la perspective en dessin est de recréer sur votre feuille de papier en deux dimensions (hauteur, largeur), l'impression de la réalité. C'est-à-dire créer l'effet de profondeur. Pour y arriver, il existe des règles techniques que l'on appelle: les règles de la perspective:

La ligne d'horizon, le point de vue, les points de fuite. Perspectives: frontale (1pt. fuite), oblique(2pts. fuite), aérienne (3pts. fuite).

Une fois cet aspect apprivoisé, quelques règles supplémentaires peuvent vous être utile d'un point de vue perspectif, un carrelage de plancher, ou de nappe par exemple, ou encore  comment situer les fenêtres ou les portes  d'un bâtiment sur les façades obliques, comment dessiner une rangée de lampadaires sur l'autoroute et qui fuit à l'horizon.

La compréhension de la ligne d'horizon et des points de fuite demande l'exécution de plusieurs croquis, petit dessin rapide qui s'exécute en quelques minutes et permet d'aller chercher l'essentiel du sujet.

À ce point-ci de l'apprentissage, on aborde un peu les plans de l'espaceles plans verticaux concernant position des éléments, les plans horizontaux et inclinés influencés par les effets de raccourcis. Ca vous permet d'avoir une meilleure compréhension de la construction de la réalité qui vous entoure.

Pour conclure cet aspect du dessin vous devez vous attarder sur les règles des ombres et lumières. Là encore il en existe quelques unes à connaître. Il y a les ombres portées, ce sont les ombres sur l'objet, les ombres rapportées ou projetées sont celles que crée l'objet sur la surface ou il se trouve, sur une table, un meuble, le sol; par exemple.

On parle de point de fuite de la lumière et de point de fuite de l'ombre. Le point de fuite de l'ombre diffère selon le type d'éclairage; la lumière naturelle (le soleil), l'éclairage artificiel (lampe, bougie, etc.).

Une fois ces points maîtrisés, ou en voie de l'être, le fun commence! La construction du sujet.

Réaliser un dessin à partir d'un modèle, c'est avant tout une question d'observation. Il faut observer attentivement le modèle, il faut l'analyser. Ça ça veut dire qu'on doit le regarder sous différents angles, de différents points de vue. Ce que personnellement j'appelle: les shémas d'observation.

Pour vous faciliter la compréhension des 10 shémas que je présente, je vous propose que l'on prenne un exemple: Je dépose devant moi une assiette, dans laquelle je place trois pommes.

Mon thème est une nature morte. Mon sujet est: des pommes dans une assiette. Mes éléments: trois pommes et une assiette.

1. Le cadrage.

Au départ, je doit tenir compte du format de ma feuille de papier et décider à quel endroit je vais situer mon assiette. Un peut comme le photographe qui fait le tour de son modèle avec son appareil et qui cadre dans l'objectif jusqu'à ce qu'il trouve l'angle idéal avant de peser su'l'piton!

2. Le cernage du sujet.

Une fois que j'ai dérterminé où sera situé mon assiette de pommes, je vais tenter d'en cerner le contour en quelques lignes; 4 à 5 maximum. Ça va me permettre de restreindre mon champ d'action à l'intérieur de la figure que je viens de créer.

3. Le cernage des éléments.

A l'intérieur de ma figure, je vais cerner le contour de mes éléments, en partant du plus grand au plus petit. Dans ce cas-ci, je vais d'abord esquissé le contour de mon assiettte en quelques traits. Ensuite le contour des pommes en commençant par la plus près. Je m'en tiens à des formes simples: des cercles, des carrés, des rectangles, des lignes. J'y vais de traits très légers.

4. Les lignes de contour.

Une fois que c'est fait, j'observe attentivement la forme précise de chacun de mes éléments. Je dessine les lignes exactes du contour de l'assiette qui sont visibles et je fait de même pour les pommes en tenant compter des possibles imperfections ou brisures de lignes dans leur contour.

5. Les points de repère.

Pour m'assurer de la bonne position de chaque élément par rapport à l'ensemble et de leur proportion les uns par rapport aux autres, je vais me trouver des points de repère. Ils sont situés à l'intersection des lignes. La ligne de la pomme qui côtois celle de l'assiette, les croisements de lignes de la pomme de devant avec celle juste derrière, etc.

6. Valeur des lignes.

J'ai mentionné un peu plus tôt que mon crayon avait une palette de tons. Selon la pression que je lui applique, je peux passer d'un ton très pâle à un ton très foncé. Je commence toujours mon dessin par des tons clairs pour pouvoir bâtir par dessus sans avoir à effacer; chose à éviter le plus possible. Mes lignes non plus n'ont pas toutes la même valeur. Les lignes de mon assiette et de mes pommes qui sont plus près seront plus marquées, donc un peu plus foncées. La ligne de mon assiette en contact avec la surface sera probablement la plus sombre. Celles du côté ombragé, s'il y a lieu, aussi.

Ce jeu de tons dans mes lignes va donner de la vie à mon dessin. Autrement il aura un aspect graphique, comme dans une bande dessinée, par exemple.

7. Tons des éléments.

Disons que mon assiette est en porcelaine blanche, ma première pomme est rouge, les deux autres sont vertes. Cette situation fait en sorte que mes éléments n'auront pas les mêmes tons. Mon assiette sera légèrement crayonnée, alors que mes pommes seront plus foncées, nécessitant d'avantages de traits.

8. Les textures.

Si mon assiette est en terre cuite rustique, je vais réaliser la tonalité en usant de mon crayon de façon circulaire, alors que je risque d'utiliser des traits linéaires légèrement courbés pour texturer mes pommes.

9. Le modelé.

Les angles dans lesquels je vais appliquer mes traits avec mon crayon pour créer les tons de mon assiette et de mes pommes seront influencés par la forme de chacun des éléments. par exemple, ma pomme est sphérique, je dois en tenir compte et dessiner mes traits de façon à lui donner cette impression de rondeur.

10. Ombres et lumières.

Il ne reste plus qu'à appliquer les ombres et les lumières et cinq minutes plus tard j'ai une image originale de mon assiette de pommes.

Bon..! O.K.!.. Ca demande quelques années de pratique pour arriver à faire ça en cinq minutes, mais c'est à la porté de quiconque est vraiment intéressé à y investir du temps.

L'idée est d'arriver à maîtriser ces shémas d'observation pour pouvoir les utiliser tous en même temps; passant de l'un à l'autre constamment pendant l'exécution du dessin. Vous développez votre esprit d'analyse et votre sens de l'observation. Avec la pratique vous voyez de mieux en mieux les lignes maîtresses du sujet et ses points forts.

Le but ultime de l'expérience, est de voir le sujet de tant de façons différentes à la fois et en même temps, que vous arriviez à vous faire une image mentale instantanée ( comme une photo) que vous projetez sur votre feuille de papier. Vous voyez déjà votre sujet sur la feuille, il ne vous reste qu'à mettre les traits.

Le style.

À ce niveau d'expérience, votre personnalité et vos intérêts commencent à transparaître. En observant les dessins de grands maîtres de diverses époques, vous pouvez apprécier la façon dont chacun s'y prends pour réaliser ses traits. Ça vous permet de constater qu'il y a plusieurs manières de s'y prendre pour créer vos effets. Les traits parallèles droits suggèrent des surfaces planes. Les traits parallèles courbés vont servir à illustrer les rondeurs, les courbes, la profondeur de champ. Vous commencez à développer votre style personnel.

La composition

Si on pousse l'expérience un peu plus loin, une fois que vous maîtrisez les règles du dessin, que vous êtes en mesure de reproduire tous les sujet que vous voyez avec une certaine aisance, vous pouvez vous amuser à créer vos propres compositions. Comme le metteur en scène qui place son décor et ses personnages au gré de sa fantaisie. Il y a quelques règles mathématiques qui peuvent s'appliquer à la composition. Entre autre, la nature aime bien les chiffres impairs et la règle de trois. Par exemple, si vous dessinez une scène avec des oiseaux, vous y allez de 1, 3, 5 ou 7 oiseaux, etc. Pour l'avant-plan et l'arrière-plan, il y a  la règle du:  un tiers/deux tiers. L'idée est d'en arriver à une composition personnelle originale et équilibrée.

La création.

On arrive à la fin du processus. Une fois qu'on est à l'aise avec la reproduction de modèles, on peut créer ses propres modèles. Par exemple, vous pouvez inventer un arbre original qui ne se trouve nul part dans la nature. Ou encore, dessiner un personnage à trois têtes, etc.

À ce niveau, on oubli toutes les règles et les shémas... On dessine!

 

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